22 mai 2007

Zéro ce matin à l’être humain qui éprouve le besoin de s’imposer partout…


Et quand je dis partout, c’est partout. Il n’y a plus moyen de se trouver un petit coin, sympa, tranquille, désertique… Fini le mythe de l’île perdue au milieu de l’océan où on pouvait discuter peinard avec un perroquet bavard et compter les noix de cocos qui poussent dans les arbres. C’est fini. Terminé. Vous me direz que j’exagère. A peine. Exemple, pour s’isoler, pour retrouver la fusion solitaire avec la nature. Quel est le meilleur moyen ? C’est grimper. Aller se perdre sur les cimes les plus hautes et s'oublier dans la contemplation des nuages et des horizons qui se déploient à perte de vue. Et c’est quoi le point ultime, la grimpette la plus fortiche du monde celle qui relègue les marches de la butte du Lion de Waterloo à de la gnognotte pour athlète dopé au jus de navet? C’est l’Everest, évidemment… Le toit du monde… Là-bas, qu’est ce qu’il doit faire calme et cool… Etre seul, perdu au sein de l’immensité qui vous donne le vertige… Enfin, seul… C’est une vision de l’esprit… Là, pour l’instant, l’Everest c’est un peu comme la station de métro Schuman à l’heure de pointe… Ainsi hier, trois Belges sont rentrés en Belgique après avoir gravi le mont Everest. Stein, Bjorn et Stef sont revenus au plat pays après avoir tutoyé les nuages mardi dernier… Jeudi c’est Wilm Smets, toujours un Belge, qui est allé se ballader, là-bas, tout en haut… Jeudi aussi, c’est une Américaine de 19 ans qui a déboulé sur le sommet. En même temps, une Italienne réalisait la même performance. Mercredi, c’est un sherpa qui s’est fendu d’un record… Lui c’était la 17ème fois qu’il passait dans le coin… Non je vous dis, c’est plus possible… Y a trop de monde là-haut. Fini la tranquillité, il peut s’acheter des boules quiès, le Yéti de Tintin…

Vous allez dire que je pourrais aussi bien aller me balader en forêt, c’est ça ? Non mais, et moi si j’ai envie d’aller là-haut. Mais là, moi je suis refroidi. Non y a trop de monde là-haut… En plus si, un jour, je vais au sommet de l’Everest, c’est pour me sortir du stress quotidien… Mais là aujourd’hui, c’est tellement la cohue que ça devient insupportable. En plus… Ecoutez ce que je risque de me taper, là-haut à plus de 8.800 mètres d’altitude… Une sonnerie de GSM. Un GSM. Horreur. Un GSM, même là haut sur le toit du monde… On doit cela à un certain Rob Baber, un grimpeur britannique. Il est sponsorisé par une célèbre marque de téléphone portable… Et devrait arriver cette semaine au sommet de l’Everest et il a juré qu’il parviendrait à filer un coup de bignou depuis là-haut… Pour argumenter sa tentative d’exploit, Rob Baber affirme que ce GSM, il sera super-important dans son ascension… Car il le dit : « La clé du succès est à 80% psychologique. Avoir quelqu’un à qui parler à l’autre bout de la ligne peut aider à franchir ces obstacles invisibles »… Ridicule… UN : il n’y a plus besoin d’un GSM pour parler à quelqu’un au sommet de l’Everest vu que de toute façon pour l’instant y a au moins quatre personnes en permanence pour se taper une petite belote. DEUX : si j’en crois Rob Baber, le GSM par ses vertus psychologiques va encore aider davantage les alpinistes à parvenir à leurs fins… Bref, y aura encore plus de monde… Sans oublier les déchets que ces amoureux de la nature oublie sur place… Il y en aurait plus de 100 tonnes, déclinées en bouteilles à oxygènes, cordes, toiles de tente, boites de conserve et autres papier-carton… Calme et cool le sommet de l’Everest ? A d’autres.