07 juin 2007

Attribution ce matin d’un zéro collectif, ce matin. Un zéro à tous les consommateurs.


Ben oui, c’est une horreur, nous sommes tous que des moutons… Le mensuel « Bizz » que j’ai reçu ce matin offre à lire deux pages de dossier sur notre « esprit moutonnier ». Le postulat de base est celui-ci : « les consommateurs aiment savoir ce que d’autres ont acheté avant eux et se conforment aux choix de leurs semblables ». En gros Fabrice, rien de vraiment neuf sous le soleil. On le sait qu’on est influençable. Sans ça, il n’y aurait pas de publicité, pas d’opération de marketing, pas de jolies vitrines pour attirer le client. Mais là, quand on lit ces deux petites pages, on se retrouve face à un condensé d’infos qui laisse comme un sentiment de malaise… C’est que si nous somme des moutons, il y en a qui ont décidé d’être nos bergers… Comprenez que ceux-ci veulent, comme le messie, nous guider, nous aider dans nos achats en jouant sur nos vieux réflexes de Panurge. Ainsi il y a trois ans, deux chercheurs avaient déjà réalisé une étude sur le comportement des acheteurs de livres sur des sites de ventes par internet. Ces librairies virtuelles utilisent fréquemment un système de cotations délivrées par les lecteurs… Et cela avec un système d’étoiles… Eh bien, il a été prouvé que ces cotations avait une grosse influence sur le comportement de l’acheteur… Surtout lorsque le livre avait une mauvaise cote, cela pouvait plomber les ventes du bouquin en question. Une étude plus récente a montré exactement la même chose avec le téléchargement de morceaux de musique… Les consommateurs, là aussi se laisse guider par leurs congénères…

C’est un peu la version moderne du « bouche à oreille ». Et partant de ce comportement qui semble coller aux basques du consommateur comme l’étiquette d’un produit soldé, les spécialistes de la vente essayent de mettre au point de nouvelles techniques. C’est ainsi par exemple que dans les magasins, les consommateurs achètent certains produits parce qu’ils voient d’autres personnes l’emporter dans leur caddie ou leur panier. Ne me dites pas que ça ne vous est jamais arrivé Fabrice d’acheter une bouteille dans votre supermarché parce que quelqu’un devant vous en avait pris une demi-douzaine. En le voyant, vous vous êtes dit, si ce type en prend autant c’est que le vin est bon. Et quand le vin est bon, il faut le boire… A l’université de Princeton, un petit malin a élaboré toute une stratégie à partir de ce constat. Chaque produit est équipé d’une espèce de code-barres ultra perfectionné avec ondes radio incorporées. Dans les caddies, il y a un lecteur qui permet de lire tous les codes-barres des produits déposés dans le chariot. Le lecteur envoie toutes les données vers l’ordinateur central du magasin. Données qui sont envoyées ensuite vers les rayons concernés. Et là qu’est ce qui se passe ? Lorsque le consommateur passe le long des rayons, il voit sur un petit écran les produits qui ont été les plus vendus dans la journée… Et là, avec un peu de chance, notre esprit moutonnier nous fera choisir le produit le plus courtisé… C’est horrible, vouloir influencer les gens comme ça, c’est vraiment pas bien. Tiens à propos, j’ai lu un bouquin super cette semaine, il faudra que je vous donne les coordonnées parce que c’est vraiment super. Ah oui, puis j’ai aussi acheté un disque… Là aussi, c’est trop bien. Faut l’acheter vraiment.


PS: la photo est celle de Corpus, une compagnie de danse de Toronto, pour son spectacle "Les Moutons".