26 janvier 2007

Bravo ce matin à l’attaque cérébrale qui a touché un patient américain…



Je sais, c’est un bravo pour le moins étrange. L’attaque cérébrale c’est quand même une fameuse calamité qui d’habitude ne pourrait provoquer ici-même qu’une logorrhée interminable placée sous le signe d’un Z signé à la pointe de la plume, un « Z » qui veut dire zéro. Et pourtant, l’attaque cérébrale qui a frappé ce patient américain se voit décerner un Bravo, pourquoi ? Eh bien parce qu’elle ouvre des perspectives inouïes pour tous ceux qui veulent arrêter de fumer... Antoine Bechara de l’université d’Iowa a été intrigué par le témoignage de ce fameux patient. Celui-ci avait donc été touché par une attaque cérébrale et avait signalé à ses médecins que curieusement depuis ce jour-là, il n’avait plus aucune envie de fumer une cigarette. Et pourtant, il en grillait notre homme, une quarantaine par jour. Antoine Bechara a commencé à interroger plusieurs patients qui auraient pu être dans le même cas… Ils ont cherché ceux qui fumaient avant d’être victime d’une attaque… Sur 69 patients dans le cas, Antoine Bechara et ses collègues ont remarqué que 19 avait subi des lésions au niveau de « l’insula », une petite zone du cerveau qui est active dans le ressenti des émotions… Et là, ils se sont aperçus que ces lésions avaient eu visiblement un impact sur l’envie de fumer. Impact radical puisque sur les 19 patients concernés, 13 avait subitement laissé tomber leur clope, sans effort, sans ressentir de manque… Pour arrêtez de fumer efficacement, faut-il se payer une attaque cérébrale ? Evidemment non. Parce que à ce rythme-là, on pourrait préconiser comme remède miracle l’amputation de la bouche et des deux mains, la cigarette intelligente qui explose quand on l’allume… Non, en fait les chercheurs se disent qu’on pourrait développer des molécules qui cibleraient cette petite zone du cerveau, des molécules qui auraient comme mission de délivrer les fumeurs de leur terrible addiction. Bon pour l’instant on n’en est encore qu’au début. Il va falloir affiner l’étude, bien recouper le jeu d’influences entre l’insula et la soumission à la cibiche. Il va falloir aussi s’assurer qu’en titillant l’insula on ne va pas provoquer des dégâts collatéraux ce serait bête de se délivrer de la cigarette pour devenir un accro des voitures rouges, des posters de David Hamilton ou pire du dernier album d’Eddy Wally.




La dépêche pour en savoir un peu plus:




WASHINGTON, 25 jan 2007 (AFP) - Une partie précise du cerveau appelée Insula
est apparemment liée à l'accoutumance à la nicotine et les personnes chez
lesquelles cette zone a été endommagée n'éprouvent plus l'envie irrésistible de
fumer, selon une étude publiée jeudi aux Etats-Unis.
Des chercheurs ont étudié 69 patients anciens fumeurs ayant subi des
dommages cérébraux, dont pour 19 d'entre eux touchant l'Insula, une zone qui
joue un rôle clé pour les émotions.
Dans ce groupe, 13 (68,4%) avaient arrêté de fumer et 12 d'entre eux y sont
parvenus rapidement et facilement, indiquant ne jamais avoir eu d'envie
pressante de reprendre une cigarette depuis, indique la recherche parue dans la
revue Science datée du 26 janvier.
"L'un des problèmes les plus difficiles dans toute forme d'accoutumance est
d'arrêter l'envie irrésistible de fumer, de manger ou de prendre une drogue",
relèvent les chercheurs Antoine Bechara et Anna Damasio de l'Université de
Californie du Sud (ouest).
"Nous avons désormais identifié une nouvelle cible de recherche dans le
cerveau", ajoutent ces scientifiques.
Bien qu'intéressante, la mise au point de médicaments ciblant l'Insula et
pouvant aider des fumeurs à arrêter de fumer n'est pas pour demain,
soulignent-ils.
Mais à plus court terme, il serait peut-être possible d'évaluer le succès
des thérapies antitabac actuelles en mesurant l'activité de cette région du
cerveau, estiment ces chercheurs.
Cette étude a été largement inspirée par le cas d'un patient qui fumait deux
paquets de cigarettes par jour avant que son Insula soit endommagée par une
attaque cérébrale. Il avait arrêté de fumer immédiatement après, précisant aux
chercheurs en avoir perdu l'envie.
L'Insula reçoit des informations provenant d'autres parties du cerveau et
paraît jouer un rôle important pour exprimer différentes sensations comme la
faim, la douleur, l'envie de fumer ou de se droguer.
Comparativement à d'autres régions cérébrales, l'Insula n'a pas beaucoup
retenu l'attention de la recherche sur l'accoutumance à la drogue. Pourtant
d'autres études basées sur l'imagerie du cerveau ont montré que cette zone est
stimulée par des images de personnes se droguant ou des objets liés à l'usage de
la drogue.
js/vmt/chv