16 avril 2007

Zéro, ce matin, à la SPCA, la société de Colombie-britannique pour la prévention de la cruauté envers les animaux…




C’est ça qui est chouette avec le bravo-zéro, c’est qu’on va la rencontre de plein d’associations à travers le monde. Des associations dont on n’aurait jamais entendu parler si cette séquence n’existait pas. Honneur donc ce matin à la SPCA qui (on n’en doute pas) doit être très efficace en matière de défense des droits des animaux , mais qui ne comprend rien à l’art moderne… Sous sa pression, une œuvre d’art a du être retirée d’une galerie d’art de Vancouver au Canada. Son auteur ? Un franco-chinois répondant au nom de Huang Yong Ping. C’est pas n’importe qui Huang Yong Ping, il est considéré comme un des éléments majeurs du mouvement avant-gardiste chinois. C’est aussi un provocateur, un agitateur de conscience… Exemple, parmi les exploits artistiques de Huang Yong Ping, on relèvera le fait qu’il « lave des livres ». Pourquoi lave-t-il des livres ? Eh bien pour salir la culture. C’est logique non ? Bon, cela dit, nos défenseurs des droits des animaux, ils s’en moquent pas mal de la lessive de bouquins… Non ce qui les a inquiété, c’est une œuvre intitulée « Le théâtre du monde ». Une œuvre symbolique! Que je vous la décrive. C’est une espèce de gros vivarium où l’on retrouve de charmantes petites bêbêtes, toutes rassemblées sous un dôme en forme de carapace de tortue. Sont réunis dans cette œuvre vivante, des sauterelles, des cafards, des tarentules, des mille-pattes, des lézards, des scorpions etc. En clair, c’est le « best of » des bestioles de vos cauchemars rassemblées dans un aquarium. Pour l’auteur c’est surtout une façon de représenter le « microcosme des conflits des conflits mondiaux » et d’inciter « les gens à réfléchir sérieusement aux dynamiques du pouvoir dans la société contemporaine ». C’est pas « Oui-Oui chauffeur de taxi », c'est de l'art, faut un peu s’agiter la matière grise. La SPCA n’avait sans doute pas grand chose à redire sur la symbolique, par contre, elle s’est insurgée sur le fait qu’on utilisait de vrais animaux pour cette œuvre d’art…Des animaux qui ne s’entendent pas toujours très bien… C’est vrai qu’entre la tarentule et la sauterelle, y a pas photo, je ne voudrais pas être la sauterelle. Résultat, les défenseurs des animaux ont demandé à ce qu’on retire les scorpions et les tarentules de l’installation. Elle a aussi demandé à ce qu’on fournisse de l’eau et des abris aux animaux enfermés. Vous pensez bien que Huang Yong Ping s’est réjouit des propositions de la SPCA. Furieux, il a choisi de retirer tous les animaux de son « théâtre du monde » et il a laissé la structure vidée de ses araignées et autres insectes répugnants en guise de protestation. Il crie à la censure, Huan Yong Ping, il déplore que ses détracteurs aient « ignoré le concept et l’idéologie de cette œuvre d’art au nom de prétendus droits des animaux qui s’opposent violemment aux droits d’une œuvre d’art d’être librement exposée dans un musée d’art »… Notez que c’est pas la première fois que « Le théâtre du monde » est ainsi critiqué… Il y a une douzaine d’années, il avait déjà cédé face à la colère des défenseurs des animaux… Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas le genre d’oeuvre d’art qu’on expose dans son salon…

http://www.passeportpourlachine.org/actu/expos/his_2006/images/HunagYongPing_bio.pdf